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Icones de la Russie

L'orthodoxie, ou encore le Christianisme orthodoxe, est la principale religion de Russie. Rien d'étonnant donc à voir disséminées un peu partout moult églises et cathédrales. Que l'on soit dans une grande ville comme Moscou, où dans une petite bourgade de campagne, les monuments religieux, véritables symboles de la foi des habitants, sont souvent des bâtiments traités avec soin. À l'intérieur, rien ne dénote. Les décorations, dorures et peintures sont magnifiques…Une chose cependant attire le regard et surprend : les icônes. Splendides travaux d'artistes, on en retrouve partout…

Elles suivent le modèle byzantin depuis des siècles, comme intemporelles… et oscillent entre objets de cultes et véritables œuvres d'art. Elles répondent à des critères précis et tirent leurs racines des fresques catholiques et des premières icônes catholiques d'origine grecque. Le mot icône vient d'ailleurs du terme grec eikona. Elles apparaissent en Russie autour du IIIe siècle, lorsque l'église se fragmente et que naît la branche orthodoxe. Elles servent alors à séparer la nef de l'autel, c'est-à-dire à cacher le clergé célébrant du clergé non célébrant et des fidèles.

Puis, elles évoluent. Au XIVe siècle, les églises russes qui sont majoritairement en bois ne peuvent supporter les fresques murales traditionnellement ancrées sur les murs en briques et pierres à Byzance. Apparaissent alors des cloisons, appelées iconostases, faites en bois, et relativement hautes. Leur mobilité permit notamment durant les invasions tartares de les cacher et ainsi éviter le pillage.

L'iconostase est percée de trois entrées ; où se trouvent des portes à battants, celles du centre étant appelées " les portes royales ", et est généralement composée de neuf volets. Le 1er représente la Trinité, le second la vierge Orante, le troisième la transfiguration, le quatrième la Déisis (Marie est à la droite de Jésus-Christ et Saint-Jean-Baptiste à sa gauche), la cinquième la Cène (communion des Apôtres), la sixième l'Annonciation et les évangélistes, la septième la fête patronale du Christ à laquelle l'église est dédiée (nommée icône dédicace), la huitième la fête patronale de la Vierge, et la dernière, les Archanges. Cependant, l'usage russe veut que Saint-Jean-Baptiste soit généralement plus éloigné du Christ, l'icône dédicace prenant sa place.

Par le passé, une icône était faite avec la technique dite encaustique, c'est-à-dire avec de la cire d'abeille et de l'essence de térébenthine dissoutes ensemble. Aujourd'hui, elles sont faites à l'aide de la détrempe ; la peinture est fixée avec de la colle organique, du jaune d'œuf ou encore de la gomme d'arbres. Les icônes sont généralement peintes, mais on en trouve quelques rares sculptées. Elles sont également très colorées ; le personnage central étant de plus entouré d'un halo de lumière (auréole).

La religion tenant une place essentielle dans la vie russe, il n'était pas rare qu'une famille possède chez elle son propre lieu de culte, appelé " Keanié ugol " (beau coin), de même que des icônes, tradition qui se perpétue d'ailleurs encore aujourd'hui. Les moins riches se contentant de reproductions, parfois de mauvaises qualités ; les plus riches allant jusqu'à disposer une icône dans chaque pièce de la demeure. Car là où dans d'autres pays l'icône n'est qu'une image pieuse, en Russie, elle véhicule un sens plus profond, théologique et exégétique. L'icône est aussi importante qu'un sermon, elle est vénérée, ce qui la différencie de l'icône chrétienne qui n'est pas autant mise en valeur.

Véritable institution en Europe de l'Est, elles sont considérées comme des œuvres d'art, au même titre que n'importe quel tableau païen. Le tourisme russe, qui s'est considérablement développé ces dernières années, mise beaucoup sur son patrimoine religieux. Cathédrales, églises et icônes attirant une large part de touristes.

L'un des artistes peintres d'icône russe célèbres est Andrei Roublev, un moine d'origine bulgare et ses créations sont considérées comme de véritables œuvres d'art, portées d'une certaine poésie. Son œuvre la plus célèbre est son iconostase des fêtes (icône dédicace), réalisée pour la cathédrale de l'annonciation du Kremlin en 1405.

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